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5 commentaires

  • gonm - Jeudi 11 Juillet 2013 10:33
    Hommage à Lucienne Lecourtois (par Jacques Alamargot & Jean Collette)

    Lucienne Lecourtois connue sous le nom de « Mademoiselle Lecourtois » ou « LLe » dans la nomenclature des observateurs du GONm, nous a quittés le 2 juillet 2010 à Granville, suite à un arrêt cardiaque. Elle avait 94 ans. C’est une figure discrète, compétente, infatigable et généreuse de l’ornithologie normande qui s’est éteinte. Elle a largement contribué au développement de cette activité dans le département de la Manche et a laissé de nombreux souvenirs parmi les membres du GONm.
    Dans cet éloge, après un bref exposé de sa carrière entièrement dévolue à l’histoire naturelle et à la protection de la nature, nous mentionnerons quatre témoignages de membres de notre association.
    Lucienne Lecourtois est née le 20 Janvier 1916 à Villedieu-les-Poêles (département de la Manche), la ville de ses ancêtres. Son père, mégissier, artisanat aujourd’hui disparu, était spécialisé dans le tannage de peaux d’âne pour tambours. Lucienne a, tout naturellement, fait ses études primaires dans la cité du cuivre, ses études secondaires à Vire et ses études supérieures en physique-chimie et biologie à Caen. Son premier poste d’enseignante a été Cormolain (Calvados). Après la guerre, elle enseigne les sciences naturelles, physiques et chimiques à l’École normale d’instituteurs de Saint-Lô. Elle s’installe alors dans le chef-lieu du département de la Manche où elle terminera sa carrière d’enseignante. Elle a su éveiller chez ses élèves le goût pour les sciences. Quatre d’entre eux ont d’ailleurs poursuivi leur carrière d’enseignant-chercheur à l’université, dont un a même assumé les fonctions de doyen et de vice-président de l’Université de Claude Bernard - Lyon I.
    Elle apprécie les bords de mer et particulièrement les îles d’Ouessant et Chausey où elle se rend souvent. Elle choisit d’ailleurs pour sa retraite de s’installer à Granville, dans une maisonnette de la haute-ville, exposée à la mer avec une vue imprenable sur les îles Chausey.
    Toutes les activités de LLe sont marquées par son goût pour les sciences naturelles, notamment la botanique, les algues et les champignons mais aussi pour les oiseaux et les autres vertébrés et pour la protection des sites naturels de la Manche.
    Elle s’investit dans l’ornithologie de terrain, la sauvegarde des oiseaux blessés et surtout mazoutés, le baguage des oiseaux. Mademoiselle Lecourtois est la première à rédiger, dupliquer (au stencil à alcool) et diffuser les listes d’oiseaux observés lors des stages ornithologiques dans la Manche. Celles-ci constituent les premiers rapports d’ornithologie locale diffusés, au moment où Bernard Braillon met au point la revue « Le Cormoran » édité par le GONm. Cette action s’inscrit dans le cadre du grand essor de l’observation contemporaine des oiseaux sauvages dans leur milieu naturel, activité connue de tous sous le nom, autrefois confidentiel, d’« ornithologie ». Le début de cet essor peut être en effet situé en France dans les années 1960 avec la parution du « guide d’identification des oiseaux d’Europe » de Hollom et Peterson.
    Dans le cadre de la SEPNBC (Société pour l’étude et la protection de la Nature en Bretagne et Cotentin), association précédant les créations du CREPAN (Comité Régional d’Etude pour la Protection et l’Aménagement de la Nature) et du GONm, elle inventorie nos milieux sensibles et met en place les premières réserves naturelles du département de la Manche, dont en 1968 celle du Nez-de-Jobourg - à l’époque si riche en oiseaux de mer nicheurs – et un peu plus tard celle de la mare de Vauville et des îles Saint-Marcouf. Elle s’investit aussi dans les projets de mise en réserve des havres du Cotentin, mais avec moins de succès car quarante ans après, ceux–ci ne sont toujours pas placés en réserves naturelles.
    LLe organise avec dévouement des expositions naturalistes et des stages ornithologiques et de baguage partout dans la Manche : St-Martin de Bréhal, Gatteville, Vauville, et surtout dans les îles Chausey qu’elle aime tant. Elle est membre de la commission départementale des sites siégeant en préfecture, institution consultative qui donne son avis au Préfet sur les projets mettant en jeu la protection de la nature dans le département.

    Heurtée par un cyclomotoriste en 1975, elle en gardera des séquelles qui la limiteront dans ses infatigables randonnées. Sa vue diminuant régulièrement avec l’âge, elle doit progressivement restreindre ses activités naturalistes, mais conservera jusqu’au bout sa vivacité intellectuelle et son intérêt pour les sciences de la nature. En juin 2007, elle rejoindra la maison de retraite « Saint-Gabriel » - sise rue Jean Rostand - à Granville. C’est là le 2 juillet 2010 vers midi qu’elle s’éteindra, discrètement comme sa vie l’a été. Elle est inhumée dans le caveau familial de Villedieu.

    Jacques Alamargot & Jean Collette
  • gonm - Jeudi 11 Juillet 2013 10:34
    Hommage à Lucienne Lecourtois (par Nicole Girard)

    Mademoiselle Lecourtois est née le 20 janvier 1916 sous une éclipse de lune ; elle part un peu avant l’éclipse de soleil. C’est un être solaire qui nous quitte. Luce, une lumière modeste mais éclairante.
    Pionnière de la préservation des sites dans la Manche dans le cadre de la SEPNBC (Société pour l’étude et la protection de la Nature en Bretagne et Cotentin) elle avait dressé la liste des sites intéressants pour les naturalistes et les défendait dans la commission du même nom. Dans le cadre de la régionalisation, le GONm et le CREPAN (Comité Régional pour l’étude, la Protection et l’Aménagement de la Nature) ont pris la relève et nombre de ceux-ci sont maintenant protégés.
    Pionnière du baguage d’oiseaux, elle a initié nombre d’entre nous à l’ornithologie lors des stages qu’elle organisait à Saint-Martin-de-Bréhal en automne et à Gatteville avec Bernard Braillon au printemps.
    Ces stages faisaient aimer les sciences naturelles à tous. Entre deux relevés de filets, on faisait de la botanique, on découvrait les champignons et les plantes sauvages comestibles. Elle savait se nourrir sobrement sans détruire la nature.
    Scientifique de terrain, elle n’avait pas le cœur sec et ne supportait pas la souffrance animale. Nous repartions presque toujours de stage avec quelques alcidés mazoutés à soigner. Nous avons longtemps cherché les bons produits de nettoyage et comment résoudre le problème de l’imperméabilité. Elle allait baigner ses guillemots sur la plage de Granville et ils poursuivaient leur réhabilitation dans le bassin de l’École normale de Saint-Lô.
    Elle m’a donné l’idée de devenir bagueuse pour le Muséum après les trois stages requis dont un à Orléans chez François Larigauderie autre naturaliste de terrain mort cette année, et aussi de parvenir à maîtriser les techniques de réhabilitation des oiseaux mazoutés. C’est bien en partie grâce à elle qu’il y a maintenant un centre de sauvegarde des oiseaux marins dans la Manche et chaque oiseau sauvé lui doit un peu la vie.
    Mlle Lecourtois a laissé une petite empreinte écologique sur la planète mais une grande empreinte dans les esprits, les créations et les réalisations de projets.

    Nicole Girard, le 6 juillet 2010 ; Présidente de l’association de « sauvegarde des oiseaux mazoutés du Cotentin », 50330 Gonneville
  • gonm - Jeudi 11 Juillet 2013 10:35
    Hommage à Lucienne Lecourtois (par Martine Rundle)

    Je suis très touchée par la nouvelle de la disparition de Mlle Lecourtois. J’étais jeune normalienne totalement ignorante du monde des oiseaux quand elle m’a accueillie au cours des différents camps de baguage dans la Manche. Jusqu’à mon départ pour la région parisienne, je n’en ai pas manqué beaucoup, toujours enchantée de partager ces journées de découverte et de convivialité avec Jacques Alamargot, Alain Typlot, l’abbé Thiphaigne … et tous les autres passionnés de l’époque (il y avait aussi un dentiste du Havre très jovial qui n’avait pas son pareil pour enfoncer dans le sol les supports des filets de baguage).
    Je me souviens avoir partagé avec Mlle Lecourtois des bains revigorants pendant des vacances de Pâques dans la baie d’Écalgrain (près de Nez-de-Jobourg) ou à Vauville. En scientifique indécrottable, elle promenait dans l’eau un thermomètre pour vérifier les infimes variations de température qui lui faisaient dire : «elle est bien meilleure par ici»!!!
    Toutes mes pensées l’accompagnent.

    Martine Rundle, (membre du GONm : pour les anciens, Martine Digo) 6 juillet 2010
  • gonm - Jeudi 11 Juillet 2013 10:35
    Hommage à Lucienne Lecourtois (par Jacques Alamargot )

    Pionnière de l’écologie, dévouée à toute l’histoire naturelle, généreuse de son temps, Mademoiselle Lecourtois a contribué à l’essor de l’ornithologie contemporaine et qualitative dans le département de la Manche.
    Elle a grandement contribué à la protection des oiseaux, à l’organisation au printemps 1967 du démazoutage des victimes ailées du premier grand naufrage du pétrolier sur nos côtes : le « Torrey canyon », et à la création des premières réserves intégrales (Nez-de-Jobourg, en mai 1966 dont elle fut le premier conservateur et mare de Vauville).
    Je l’ai rencontrée pour la première fois en 1960 à Saint-Lô. Elle m’a ouvert sa bibliothèque de naturaliste qui était riche des précieux « Géroudet ». C’est grâce à elle que j’ai participé en 1962, avec elle, à l’un des premiers stages de baguage d’oiseaux à l’île d’Ouessant organisé par Michel-Hervé Julien.
    Écologiste avant l’heure, elle m’a surpris avec la fabrication de ses entremets gélifiés aux algues rouges collectées sur l’estran. Infatigable dans sa 2CV, elle était toujours disponible pour aller chercher un oiseau mazouté, pour découvrir la baie des Veys ensevelie sous la neige, pour dénombrer les macreuses hivernant en baie du Mont-Saint-Michel, ou pour écouter le brame des cerfs en forêt de Cerisy…
    Elle m’a encouragé dans ma passion pour les sciences naturelles et pour les oiseaux, elle m’a montré un aspect social, vulgarisateur, pédagogique et altruiste de la connaissance de notre environnement le plus souvent animé par des naturalistes solitaires. Elle m’a été d’un grand soutien dans la réalisation de ma thèse de doctorat vétérinaire « Les oiseaux de la réserve ornithologique du Nez-de-Jobourg (Manche) ».
    On a beau dire que la mort est notre destinée irrémédiable, comme celle de nos protégés, les oiseaux que nous observons ; la disparition de Mademoiselle Lecourtois du monde des vivants, même précédée d’une période d’absence progressive du terrain ornithologique, m’émeut profondément.

    Jacques Alamargot (JAl), (membre du GONm) 3 juillet 2010
  • gonm - Jeudi 11 Juillet 2013 10:36
    Hommage à Lucienne Lecourtois (par Jean Collette)

    Les qualités d’organisatrice de Mlle Lecourtois, instigatrice de nombreux stages dans la Manche ont déjà été rapportées. Ses capacités de conciliation plus discrètes étaient un autre atout. Dans les années 1970, les relations avec les représentants de la chasse étaient très conflictuelles. GONm et CREPAN collaboraient, l’un collectant des données objectives, l’autre « ferraillant ». Ainsi, au cours de l’hiver 1978-79 très froid, les démarches administratives et médiatiques pour la suspension de la chasse furent pressantes au nom de la section Manche du CREPAN. Simultanément, depuis novembre 1978, une tentative de dialogue avec des représentants des chasseurs avait été instituée et se poursuivit en 1979. Trois rencontres eurent lieu auxquelles Mlle Lecourtois participa activement comme organisatrice.
    Un peu plus tard, le GONm et le CREPAN cessèrent leur collaboration dans la douleur, Mlle Lecourtois fidèle au CREPAN n’en resta pas moins adhérente du GONm, persuadée qu’elle était de l’intérêt de l’activité de l’association. Elle sut faire la différence entre les objectifs du groupe et les griefs qu’elle était en droit de nourrir à l’encontre de tel ou tel, trente ans d’adhésion ne coulent pas sans prétextes à désaccord…
    C’est une belle leçon de vie associative...

    Jean Collette, le 5 août 2010