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Cérémonie de remise des insignes de Chevalier de l’Ordre National du Mérite

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Remise de l'Ordre National du Mérite à Alain Chartier, Vice-président du Groupe Ornithologique Normand.
Mercredi 8 juillet 2015 à 17h30 dans les salons de l’Hôtel de la Préfecture de Région par M. Jean Charbonniaud, Préfet de Région.

Dimensions
4608*2592
Fichier
OrdreMerite (2).JPG
Poids
2219 Ko
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15683
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pas de note

2 commentaires

  • gonm - Lundi 5 Octobre 2015 16:42
    Discours de M. Charbonniaud
    Venons en maintenant à vous, Monsieur Alain Chartier. Vous illustrez une autre espèce d’ornithologue, de la classe des passionnés bénévoles, dont les caractéristiques les rapprochent à s’y méprendre, après quelques années de passion, de l’espèce des scientifiques reconnus.
    Alain Chartier vous êtes né en 1949 à Orléans.
    Après vos études secondaires, vous avez suivi un cursus de formation à l'école nationale du cadastre de Toulouse de 1972 à 1975. A votre sortie vous avez été affecté à la Direction des Services Fiscaux du Calvados, brièvement à Lisieux et Caen puis ensuite à Bayeux où vous avez effectué toute votre carrière de 1977 à 2005 avant de prendre finalement votre retraite avec le grade de géomètre principal.
    Votre père, expert-comptable, était passionné de mycologie et de botanique c'est ainsi que vous avez été baigné très tôt dans cette passion de l'observation de la nature.
    Le Berry de votre grand-mère sera votre terrain d'aventure et de découverte privilégié. C'est là que vers 10-12 ans vous vous adonnerez avec un copain à l'observation des reptiles et des batraciens dans les mares … et qui sait peut-être à « La Mare au Diable » ?
    Vers 15 ans, une rencontre avec François Larigauderie, un ornithologue réputé et bien connu dans l'Orléanais qui vous initie à 15 ans au baguage des oiseaux.... ce qui vous permettra de devenir bagueur dès 1971. Une spécialité remarquable qui m’a toujours paru hors de portée.
    Il est aussi une autre rencontre déterminante, mais avec un livre cette fois, dans la vitrine d'une librairie d'Orléans. Il s'agit de l'ouvrage du grand naturaliste suisse Paul Géroudet : « Les rapaces diurnes et nocturnes », dans l'édition sous jaquette jaune ornée d'un dessin de Gypaète barbu. Vous en avez, si mes informations sont exactes, encore un souvenir très vivace. Acquit et dévoré sur le champ, cet ouvrage culte des ornithologues déterminera chez vous un intérêt soutenu pour les rapaces.
    C'est à un autre oiseau mythique pour les ornithologues, notre ami le vautour Percnoptère, que vous devez votre rencontre dans les Pyrénées avec Gérard Debout alors jeune adhérent du Groupe Ornithologique Normand fondé en 1972 sans que les mâles dominants n’en prennent encore ombrage..
    Vous devenez adhérent du GONm dès 1973 pendant vos années de stage pratique en Nor-mandie.
    Tout au long de vos années d'activités scientifiques, vos préférences de recherches vont à bio-logie de la reproduction. Vous y avez consacré l'essentiel du votre temps libre et de vos con-gés. Rencontrée à l'occasion de vos nombreux contacts avec les universitaires caennais qui avaient fondé le GONm, votre femme Anita vous a toujours soutenu mais aussi souvent suivi dans ces activités.
    Vos participations ont relevé de programmes ciblés sur certaines espèces comme la bécassine des marais, ou dans le cadre du Suivi temporel des oiseaux communs, mieux connus des orni-thologues sous l'acronyme STOC, puis récemment au programme visant à déterminer les haltes migratoires du très rare phragmite aquatique. Pour les initiés, il s’agit du programme « Acrola » du nom latin du phragmite : Acrocephalus paludicola.
    En une quarantaine d'année vous avez quand même bagué plus de 15 000 oiseaux, dont plus de 4 000 poussins de rapaces et de cigognes blanches. Beaucoup d’histoires, j’imagine, à ra-conter comme celle de l’attestation sur l’agressivité des cigognes mâles qui s’attaquent aux voitures. Je comprends la circonspection de l’assureur. Il fallait votre réputation, j’imagine, pour crédibiliser l’affaire.
    Des résultats remarquables aussi ont mis en valeur vos travaux. Vous êtes personnellement à l'origine de 3 000 contrôles sur les 7 500 qui ont été effectués. Il faut signaler un contrôle ex-ceptionnel : celui d'une cigogne née en Normandie et repérée nichant en Russie. C'est le pre-mier cas signalé d’une cigogne française nichant au sein de la population de l’est de l’Europe. A noter aussi une reprise hors norme, celle d’une cigogne venue mourir en Afrique du sud. Comme il se doit des articles ont été consacrés à ces données exceptionnelles.
    Pour les passereaux, des constatations tout à fait incroyables :
    - deux phragmites des joncs bagués sur la RNR des marais de la Taute ont été contrôlés dans le Djoudj au Sénégal,
    - un phragmite aquatique de 12 grammes, bagué par une équipe allemande au Djoudj, que vous avez contrôlé en migration l’été suivant sur le RNR des marais de la Taute,
    - une mésange bleue de 9 grammes, baguée en février 2009 dans votre jardin, contrôlée en Lituanie en octobre 2009 (1 624 km) dans le cadre du suivi des populations des oiseaux hi-vernants.
    Alain Chartier vous êtes un autodidacte qui a su acquérir en matière d’ornithologie un niveau de connaissance élevé. Vos communications et publications dans des revues de notoriété na-tionale ou internationale font autorité dans le monde de l’ornithologie. Vos activités en tant que correspondant du Centre de Recherche sur la Biologie des Populations d’Oiseaux (CRBPO) pendant près de 30 ans ont permis d’apporter des contributions déterminantes dans le suivi de certaines espèces à large amplitude migratoire.
    Vous occupez depuis une trentaine d’années des fonctions dirigeantes au sein du Groupe Or-nithologique Normand qui est la plus importante association de naturaliste en Basse-Normandie. Vous y avez notamment assuré au sein de cette association le suivi scientifique de la colonisation de la Basse-Normandie par les Cigognes blanches dont vous êtes devenu un spécialiste réputé que les gestionnaires d’espaces tel le Parc Naturel Régional des marais du Corentin et du Bessin ont mobilisé régulièrement.
    Là aussi, des mérites éminents, heureusement reconnus par la décoration que je vais avoir le plaisir de vous remettre, Alain Chartier, au nom …
  • gonm - Lundi 5 Octobre 2015 16:43

    Réponse d’Alain Chartier
    Monsieur le Préfet, Mesdames, Messieurs, chers amis,
    Monsieur le Préfet vient de retracer mon parcours naturaliste en termes élogieux et je l’en remercie.
    Lorsque Gérard Clouet m’a contacté pour me dire qu’il envisageait de déposer une demande pour que Gérard Debout et moi-même soyons élevés au rang de chevalier de l’ordre national du mérite, outre une certaine surprise, je pensais que mon parcours ne me qualifiait absolument pas pour un tel honneur : scolarité buissonnière, absence de diplôme universitaire, carrière linéaire dans la fonction publique. Autant de raisons qui me faisaient penser que je n’étais pas le bon cheval.
    J’ai donc fait part de mes doutes à Gérard Clouet en comparant le parcours professionnel et bénévole de Gérard Debout au mien, et là sa réponse fut claire : «Alain, démontre moi en quoi ton action en faveur de la nature est très inférieure à celle de Gérard durant toutes ces années de bénévolat ! ».
    Soit. La messe était dite ! J’acceptais. Regarder en arrière n’étant pas dans ma nature, j’ai donc eu quelques insomnies à essayer d’analyser mon parcours naturaliste et mon investisse-ment bénévole dans la protection de la nature à l’aune de la protection de l’environnement régional.
    Je me suis dit aussi, qu’après tout, si un ancien directeur adjoint de la DREAL était persuadé que je méritais bien cette distinction, au diable la modestie et qu’il fasse ce qu’il voulait.
    Gérard a donc enclenché la mécanique et lorsque, un an plus tard, le courrier de Madame la Ministre est arrivé, le nombre de questions et d’interrogations que je me posais s’est brus-quement envolé. J’ai donc eu recours au service d’internet pour comprendre le pourquoi de cette décoration.
    Il est dit que lorsque le Général de Gaulle en 1963 a décidé de créer l’ordre national du mé-rite, il lui avait assigné 3 missions :
    - stimuler les énergies individuelles qui contribuent au progrès de la nation ;
    - incarner la diversité de la société française ;
    - supprimer la multitude des ordres ministériels au profit d’un ordre unique.
    « L’ordre national du mérite récompense les mérites distingués (remarquables) acquis soit dans une fonction publique, civile ou militaire, soit dans l’exercice d’une activité privée».
    Je suis donc très fier que l’État m’ait considéré digne de cette nomination et je vais donc es-sayer de retracer mon parcours de naturaliste autodidacte au travers des cinq personnes qui m’ont le plus marqués et que je considère comme mes mentors.
    Je suis avant tout un observateur passionné par les recherches approfondies, effectuées sur le long terme et dont la précision ne peut être mise en cause. Et cela dès mon adolescence.
    Cette minutie, je la dois en premier à mon père, amateur passionné de botanique et de myco-logie, mais dont l’activité professionnelle d’expert comptable ne lui a jamais permis de s’investir autant qu’il l’aurait voulu. De lui, j’ai appris à observer la nature dès mon enfance, mais aussi, grâce au côté pointilleux de sa profession, à être précis et d’une grande rigueur scientifique. J’ai toujours estimé qu’il valait mieux accumuler les données, plutôt que de tenter des approches statistiques à partir d’échantillons ridiculement petits, potentiellement entachés d’erreurs.
    Parallèlement, mon adhésion aux naturalistes orléanais m’a permis de progresser rapidement et, à cette époque, rien ne pouvait m’empêcher d’assister aux réunions mensuelles qui avaient lieu. C’est là que j’ai fait connaissance d’un ornithologue, François Larigauderie, forte tête, grande gueule, mais bagueur hors pair, qui m’a initié au baguage des oiseaux. Monsieur le préfet, vous avez évoqué l’importance de cette rencontre.
    Une autre personne, peu connue des ornithologues normands, Gilbert Affre, alors qu’il était sous-directeur de l’école nationale des ingénieurs de constructions aéronautiques de Toulouse, a su canaliser mon énergie lorsque je me trouvais à l’école nationale du cadastre de Toulouse. Ayant participé activement une première année à l’atlas des oiseaux nicheurs sur toute la ré-gion toulousaine, mais sans rien approfondir, c’est lui qui m’incita à m’investir en 1974 dans l’étude des grands rapaces des Corbières alors peu connus. Tous mes week-ends j’effectuais une migration d’ouest en est à la recherche de ces merveilleux aigles, souvent seul, mais par la suite accompagné de deux compères, un montagnard, Martial Blanc et un lyonnais, Michel Doublier, ce dernier d’ailleurs toujours adhérent du GONm alors qu’il n’a jamais habité notre région. La découverte de la quinzaine d’aires d’aigles royaux ou de Bonelli, de quelques sites de nidification du hibou grand duc, des tichodromes et accenteurs alpins hivernants a aussi été le révélateur du fait que s’investir à fond dans des recherches ciblées étaient bien plus grati-fiant que papillonner à la recherche d’espèces rares.
    Arrivé en Normandie à la faveur d’un stage, les relations que j’ai eues avec Bernard Braillon ont eu un impact déterminant dans la conduite de mes recherches. Pour lui, toute découverte devait être dûment justifiée et à chaque observation sortant de l’ordinaire, la phrase « vous croyiez » revenait immanquablement. Bernard devait être apprivoisé ! C’est ainsi qu’en 1973 j’ai pu obtenir mes lettres de noblesse auprès de lui en prouvant la nidification de la fauvette pitchou au Mont-Pinçon et dans les landes de Jurques, information aussitôt confirmée de visu par une visite commune sur le terrain quelques jours plus tard. De ce jour-là, la confiance ré-gnait, mes observations étaient dignes de foi.
    Quelques années plus tard, lorsque j’ai entrepris l’étude des trois rapaces faisant partie du programme du CRBPO de 1981, je ne pensais pas que mon investissement se porterait surtout sur l’épervier d’Europe. Ce fut pourtant le cas dès 1983 à tel point qu’en 1985, Bernard Brail-lon me proposa de préparer sous son égide un Diplôme d’Études Supérieures sur cette espèce. Le programme que nous avions élaboré conjointement portait sur la biologie de reproduction, la dispersion et l’hivernage incluant des recherches à l’aide du radio tracking. La vie en a dé-cidé autrement, Bernard Braillon disparaissant en 1986. L’épervier d’Europe reste encore à ce jour l’espèce qui m’aura le plus marqué dans la mesure où le suivi des quelques 400 nids et le baguage des 1100 poussins m’auront demandé des efforts considérables, au détriment d’une vie de famille plus calme et sereine. Je tiens à louer ici la patience de ma femme, Nita et de mes enfants, Céline et Olivier, qui ont parfois eu à souffrir des mes absences, mais aussi ont pu être angoissés lors de ces escalades pas toujours dénuées de risque.
    Enfin, je ne peux pas évoquer ceux qui ont été mes mentors, mes guides, sans parler de toi, Gérard. Je peux te le dire aujourd’hui « je n’aurai pas accepté cette distinction si tu ne l’avais pas eu avant moi ».
    Au delà du fait que nous avions des vues très proches de la protection de la nature, mais aussi dans la façon de mener des études, ta ténacité, ton opiniâtreté ont été pour moi un catalyseur pour m’investir dans la protection par exemple du marais de Ver-Meuvaines ou du territoire qui deviendra le PNR des marais du Cotentin et du Bessin. Sans toi, sans ton soutien, mon investissement au sein du GONm n’aurait pas été aussi important.
    Dès les années 1980 et contrairement à certaines voix qui s’élevaient pour préconiser une pro-tection globale de l’environnement, nous avons vite compris que cette vision était totalement utopique et que la mécanique de la destruction de la nature banale était en marche et inéluc-table. La création de réserves s’avérait indispensable et c’est ce que nous avons fait à une époque où d’autres campaient toujours sur leurs positions. Depuis, les faits nous ont donné raison.
    Aussi, aujourd’hui, ma plus grande fierté, c’est d’avoir initié au sein du GONm l’acquisition de parcelles pour protéger des ilots de nature au cœur d’ensemble par ailleurs riches, mais pas gérés au mieux pour la biodiversité. Les résultats que nous obtenons avec nos 189 ha dans les marais du Cotentin et du Bessin sont édifiants.
    Seul regret, que le GONm n’ai pas pu acheter des terrains avant, car je reste persuadé que si nous avions pu être propriétaire de la même surface au début des années 1980, le râle des ge-nêts serait encore présent aujourd’hui sur le territoire de ce PNR.
    Pour terminer, je tiens à remercier la Direction des Services Fiscaux car tous mes chefs de service, sans exception, m’ont permis de participer à des réunions départementales ou régio-nales durant mes horaires de travail.
    Monsieur le Préfet, ce grade de Chevalier de l’Ordre National du Mérite, je le dois à mon pa-pa, à François Larigauderie, à Gilbert Affre, à Bernard Braillon. C’est à eux qui ne l’ont pas obtenu que je dédie cette décoration. Quant à toi, Gérard, je te félicite pour cette nomination.